lundi 19 janvier 2015

IL DOIT GRANDIR

par Chip Brogden

« Il doit grandir, mais je dois diminuer. » (Jean 3:30)

Ces quelques simples mots de Jean 3:30 contiennent tout le mystère de ce que Dieu veut faire avec les hommes depuis l'éternité passée jusqu'à l'éternité future. « Il [Christ] doit grandir. » Tout ce que Dieu fait est en relation avec cette fin qui consiste à faire grandir Christ. En d'autres termes, tout ce que Dieu a fait, fait, et fera vise à révéler Son Fils et à nous conduire dans la pleine connaissance (epignosis) de Christ. Le but est que Christ ait la prééminence en toutes choses, en commençant par nous individuellement en tant que disciple, en continuant avec l'Eglise, et en terminant avec toute la création, « Qu'Il puisse être Tout en Tous. »

Il DOIT grandir. Esaïe nous dit qu'il n'y aura pas de fin à la croissance de Son Gouvernement et de Sa Paix. Au commencement était la Parole, et nous voyons comment Dieu a travaillé constamment depuis l'origine pour faire grandir Christ. Dans les types et les ombres de l'Ancien Testament, nous voyons apparaître Christ. Ensuite la Parole est faite chair et elle habite parmi nous, et Christ grandit à nouveau. Ensuite Il vient habiter en nous, et c'est une croissance majeure. Finalement, Il commence à nous conformer à son Image à travers sa Vie qui habite en nous. Si nous grandissons en Lui alors Il grandit chaque jour. Un jour tout genou fléchira et toute langue confessera que Jésus-Christ est Seigneur. Après cela, on nous dit que Dieu continuera de nous révéler Son Fils dans les temps à venir, nous emmenant dans les profondeurs et les dimensions de Christ que nous ne pouvons sonder.

Dieu ne recule pas, mais dans le Fils et à travers le Fils, Il avance constamment. Christ DOIT grandir. C'est la Loi de l'Esprit de Vie en Jésus-Christ. Tout comme nous n'avons pas de gravité sans la loi de la gravité, de même il est impossible d'avoir la Vie du Seigneur sans avoir la Loi de cette Vie. Et la Loi de la Vie est que Christ doit grandir.

« Mais je dois diminuer. » Pourquoi Dieu ne nous révèle-t-Il pas Son Fils dans toute Sa Gloire d'un seul coup? Qu'est-ce qui empêche Christ de remplir toutes choses et d'avoir la prééminence dès maintenant? Pourquoi ne voyons nous pas que toutes choses Lui soient déjà soumises? Parce que nous devons être diminués. S'Il doit devenir plus grand alors je dois diminuer. Quand Paul dit, « Pas Moi, mais Christ, » il dit « Il doit grandir, mais je dois diminuer. »

De la même manière que toutes choses travaillent ensemble vers l'objectif de Dieu de faire grandir Christ, de la même manière elles travaillent ensemble dans le but de nous faire diminuer
Que nous le comprenions ou pas, ce n'est pas l'important. Cela ne change rien si vous le croyez ou êtes d'accord avec cela ou pas. Vous êtes diminué de toute façon et Christ grandit. Cela DOIT être ainsi, et donc C'EST comme cela. Les scientifiques appellent cette décroissance « l'entropie », et cela signifie, « une détérioration constante et inévitable ». Nous pouvons observer cela dans la création. Les choses présentes gémissent et sont dans les douleurs de l'enfantement, se détériorant avec pour objectif de faire de la place pour un nouveau ciel et une nouvelle terre. Nous commençons à mourir dès que nous naissons. Nous pouvons regarder nos corps pour y trouver les évidences « d'une inévitable et constante détérioration » alors que nous allons vers un corps racheté. Mais plus important, NOUS, le « MOI », l'Ego , est diminué pour que Christ puisse nous remplir.

Comment sommes-nous diminué? Disons le tout de suite, ce n'est pas notre rôle de nous diminuer nous-même, de devenir un ascète, de vivre dans une sale et abjecte pauvreté. Ce n'est pas une diminution extérieure, mais une diminution intérieure, en arriver à la fin de nous même. 
Le Royaume de Dieu appartient aux pauvres en esprit. Un peu avant, Jean a dit « Un homme ne peut rien avoir si ce n'est ce qui lui est donné du ciel ». Nous pouvons avoir des choses mais si nous les recevons d'une source autre que Christ, cela n'est rien. Seuls ceux qui sont suffisamment diminués, les pauvres en esprit, peuvent le voir. Cette pauvreté ne peut pas être atteinte par nos propres efforts.
En fait, une partie de ma diminution vient quand je réalise que je ne peux rien faire par moi-même, notamment me diminuer moi-même. De la même façon que je ne peux me suicider par la crucifixion, de la même manière je ne peux crucifier ma chair. Le seul chemin pour connaître cela est de tomber des centaines, des milliers de fois. Ensuite nous apprendrons à dire, « Je ne mets pas ma confiance dans la chair. »

Dans le monde, nous expérimenterons des tentations, des tests, et des épreuves. Nous subirons des persécutions, des tribulations et des afflictions dans notre âme et notre corps. Nous expérimenterons des mauvais traitements et de l'incompréhension. La question n'est pas de savoir si Dieu permet ou ne permet pas que cela arrive. Cela fait partie de la vie. Il y a des choses que nous nous faisons à nous même, d'autres que les autres nous font. Notre Père connaît tous les oiseaux qui tombent au sol, mais Il ne les empêche pas toujours de tomber.

Quelle leçon devons-nous en tirer? Que notre réponse à ce qui arrive est plus importante que ce qui arrive. C'est ici le mystère: l'expérience d'un homme peut le conduire à maudire Dieu, alors que l'expérience identique d'un autre homme peut l'amener à bénir Dieu. Notre réponse à ce qui arrive est plus importante que ce qui arrive.

Si nous comprenons que les problèmes arriveront un jour ou l'autre, et qu'il n'y a pas de moyen pour éviter d'être confronté à ce qui arrive dans le monde, alors nous devons voir que la différence entre vaincre et ne pas vaincre est liée à la réponse que nous donnons.

Paul ne priait pas pour être faible afin de pouvoir être fort. De façon naturelle, nous détestons la faiblesse. Nous préférons la force. Mais la force de l'homme est une illusion. Ce n'est pas la vraie force. Le Seigneur nous montre que Sa grâce est rendue parfaite (ou mature) à travers notre faiblesse. 
A cause de cela, Paul se réjouit dans sa faiblesse, de ce qu'il est diminué: car « quand je suis faible, c'est alors que je suis fort ». C'est dans la mesure où nous acceptons la diminution de nous-même que nous expérimenterons l'accroissement de Christ.

Nous ne pouvons marcher sur le chemin étroit à moins d'être entrés par la porte étroite. Mais nous pouvons penser que parce que nous sommes passés par la porte étroite nous sommes maintenant arrivés. La plupart des personnes mettent l'accent sur la porte, et leur but est de juste faire rentrer les gens par la porte pour qu'ils puissent proclamer être sauvés. C'est là où se situent la plupart des églises aujourd'hui, juste à l'intérieure de la porte étroite, se réjouissant de leur salut futur, d'un ciel futur, du retour futur de Jésus, et de la récompense future. Mais la porte étroite n'est que le début. La porte étroite ne permet que d'entrer sur le chemin étroit. C'est le chemin étroit qui mène à la Vie, et peu le trouvent. Peu marchent jusqu'au bout sur ce chemin.

Ce dont nous parlons est autant un événement qu'un processus. Il y a une décision une-fois-et-pour-toute de suivre Christ, mais nous devons continuer à Le suivre. Entrer par la porte est un événement une-fois-pour-toute, mais marcher sur le chemin est un processus. Nous gagnons tout lorsque nous entrons par la porte, mais avons besoin de continuer sur le chemin dans le but de vivre ce que nous avons. Nous sommes de nouvelles créations, mais nous sommes changés quotidiennement à l'image de Christ. 
Nous sommes morts avec Christ une fois: pourtant nous mourrons chaque jour. Nous avons été crucifiés une fois: pourtant nous portons notre croix quotidiennement. Nous sommes ressuscités avec Lui une fois: pourtant nous expérimentons chaque jour sa Vie. Nous sommes montés avec Lui et nous nous sommes assis avec Lui dans les lieux célestes une fois: pourtant nous expérimentons notre position dans les lieux célestes dans notre vie quotidienne, nous élevant au-dessus de la terre, au-dessus du naturel, pour nous asseoir avec Lui sur Son trône en tant que vainqueur.

Dieu veut « que tous les hommes soient sauvés (porte étroite) et qu'ils arrivent à la pleine connaissance [epignosis] de la Vérité (chemin étroit). » Ceux qui entrent par la porte étroite doivent encore satisfaire le coeur de Dieu. Il y a de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, mais comme Arthur Katz l'a dit, « Beaucoup sont sauvés, mais peu sont convertis. » C'est la volonté de Dieu, Son désir, que nous arrivions à la fin de nous-même pour que Christ puisse avoir la prééminence en nous. Jésus a dit: « Si vous m'avez vu, vous avez vu mon Père. » Hébreux nous dit que Christ est l'éclat de la gloire de Dieu, et l'expression de Son image (ou l'exacte représentation) de Sa personne. De la même manière, la but de Dieu pour Ses disciples (et par extension, de l'Eglise) est « si vous avez vu les disciples, vous avez vu Jésus. » Le chrétien doit être l'éclat de la gloire de Christ, l'exacte représentation de Sa personne. Je manque de vocabulaire pour expliquer cela de façon adéquate, mais je me confie dans le Seigneur pour qu'Il nous le montre.

Cela va au-delà de simplement « être sauvé », c'est la conversion, c'est la conformité à l'image de Christ. Il n'a sûrement pas la prééminence en nous maintenant, pourtant « Il doit grandir, mais je dois diminuer. »

Nous avons depuis si longtemps mis l'accent sur l'Eglise que nous avons perdu de vue le disciple individuel dont est constituée l'Eglise. Si un membre manque, tout le corps souffre. Le problème n'est pas tant l'Eglise qui ne vit pas dans toute sa plénitude que le disciple individuel du Seigneur qui a oublié d'évaluer le coût, d'être prêt à tout perdre, et de progresser le long du chemin vers Christ en tant que Tout en Tous. 
Comme va le disciple, ainsi va l'Eglise. Si Christ n'a pas la prééminence dans l'Eglise, c'est parce que Il n'a pas la prééminence en nous en tant que disciples.

Si nous sommes réellement passés par la porte et que nous avançons sur le chemin, si nous Lui avons réellement soumis nos vies et voulons Le connaître, alors tout ce que nous expérimentons sert à faire grandir Christ et à nous diminuer. Du côté positif, le Saint-Esprit travaille en nous pour nous amener à une connaissance de Christ. L'Esprit Le fait grandir en nous, nous conduisant dans « toute la vérité » vers l'Epignosis. Du côté négatif, le principe de la croix travaille pour nous diminuer, pour nous amener au bout de nous-même, pour nous réduire à rien. Les mystiques de l'Orient sont depuis longtemps conscients du côté positif et négatif de l'oeuvre, ils ont simplement mal compris ce que cela signifie et en ont fait un objectif autre que Christ. Ils ont observé un principe mais la Vérité pour l'expliquer leur a fait défaut.

Nous devons voir que chaque fois que le Moi est diminué, Christ grandit. Même dans nos discussions, nous gémissons intérieurement parce que nous devons mourir quotidiennement, ayant à abandonner nos façons de faire et notre volonté. Nous devrions au contraire être enthousiastes en voyant Christ qui grandit, et combien Il peut gagner en nous et à travers nous. Il DOIT grandir, mais vous DEVEZ diminuer. C'est bien de renoncer à tout maintenant, sur une base volontaire, et de perdre nos vies dans le but de gagner notre vrai Vie. Il est plus glorieux d'entrer dans le Royaume avec le désir de donner à Christ la prééminence que d'entrer en boitant et en criant parce que nous nous aimons trop nous-mêmes. Ne faites pas d'erreur, si vous cherchez le Royaume, le Royaume vous trouvera, mais vous devez être changés pour y rentrer. Si vous cherchez la puissance de Dieu, vous devez accepter la faiblesse en vous-même. Si vous voulez régner avec Lui vous devez souffrir avec Lui. Si vous voulez Sa Vie vous devez abandonner votre propre vie. Vous pouvez avoir l'une ou l'autre mais vous ne pouvez pas avoir les deux en même temps. Il n'y a pas de croissance sans diminution, et il n'y a pas de diminution sans croissance.

Que le Fils puisse grandir à travers ces quelques paroles. Amen

Source : Connaitre Christ